Episode 9: Les 7 différences

10 Janvier 2018

Avant de me lancer dans cet épisode, laissez-moi vous souhaiter une bonne année pleine de voyages et d'ouverture d'esprit.

Pour inaugurer cette nouvelle année, je vous propose la première partie d'un double épisode comparatif entre France et Pologne. Ainsi, si celui-ci mettra l'accent sur certaines différences entre les deux pays, le prochain sera porté sur leurs ressemblances. Attention cependant, il ne sera pas question de politique ou d'économie mais simplement de choses du quotidien qui se remarquent à l'occasion d'une observation attentive.

Nous voilà donc partis pour la première des différences, parmi les plus remarquables.



Révolution horaire

Imaginez un monde dans lequel il serait possible d'aller à la poste en semaine après  15 h et le samedi après-midi , les jours pairs comme impairs et également les non-veilles de pleine lune.

Vous ne rêvez pas, c'est possible !

Quelle joie de pouvoir réceptionner ses colis et payer son loyer en rentrant à la maison le soir, même pas besoin de prendre un congé spécialement pour cela !
Non seulement il est possible d'y aller pendant les heures d'ouverture mais l'institution recèle de nombreux trésors comme les 1001 recettes de Noël de Soeur Beata et autres agendas dédicacés par le Pape. Ces ouvrages remarquables font la joie des sympathiques grand-mères venues acheter des timbres et qui ne manqueront pas d'hésiter longuement entre le calendrier des plus belles églises polonaises et l'almanach des citations de Mère Teresa.
De quoi compatir avec les postières affichant une mine résolue mais non moins contrite. « 10 zlotys s'il-vous-plait ! - quoi ?! Des bigoudis ? » 

sur l'affiche:
​"ouvert:
lundi-vendredi: 8h-20h
samedi: 8h-14h
dimanche: fermé" (il ne faut pas trop rêver non plus)

Proposition pour l'UNESCO

Partons pour une autre différence non moins remarquable : l'état des routes.

Il s'agit ici d'un trait commun avec la Russie puisqu'il existe en russe un proverbe très connu disant la chose suivante : « En Russie il y a 2 malheurs : les routes et les idiots ». Si la deuxième partie n'est malheureusement pas restreinte à la Russie, l'on peut dire que la première est spécialement visible en Europe de l'Est. Bien que les grands axes routiers soient dans les deux pays globalement de bonne qualité, c'est au détriment des mineurs.

Il me suffit de me rendre de ma résidence au supermarché voisin, un trajet d'environ 500 mètres, pour constater l'ampleur du manque d'entretien des rues. Ainsi, l'entrée sur le parking du magasin se fait à l'occasion d'un passage sur un énorme nid de poule et le stationnement s'effectue sur un terre-plein gondolé et particulièrement boueux en ces temps pluvieux.
Je précise que s'il est possible que l'entretien du parking soit à la charge du supermarché, ça n'est pas le cas de la voie avec le nid de poule.

Quant à savoir si l'état de la chaussée est mauvais parce que les trous font partie du patrimoine culturel polonais ou bien car l'entretien des voies est en dernière position des agendas budgétaires, je laisse place ici à la réflexion....

Quel cinoche !

Parlons alors de culture : si en France il est commun de voir des affiches de films sur les abribus et autres emplacements publicitaires, en Pologne il n'est également pas rare de rencontrer des publicités pour des pièces de théâtre. Les 2 types d'imprimés se ressemblent grandement en ce que les pièces de théâtres sont mises en scène à la manière de films. L'on peut également voir des annonces pour certaines pièces sur les écrans présents dans les trams.

Ainsi positif que cette présence puisse être d'un point de vue culturel, elle soulève plusieurs questions : si la même chose est beaucoup plus rare en France est dû en partie du manque de moyen des théâtres français cela signifie-t-il que les théâtres polonais disposent de financements supérieurs aux théâtres français ? Ou bien l'art théâtrale est-il plus populaire en Pologne et plus accessible que le cinéma, pour lequel les places sont chères comparées au niveau de vie polonais ?

Je dois également ajouter que je n'ai remarqué d'affiches que pour les théâtres les plus importants de Varsovie et donc je suppose que les financements sont inégaux et ne permettent pas une aussi grande exposition pour les plus petites formations.

​Si quelqu'un de moins ignorant que moi sur le sujet lit cet article, des précisions sont les bienvenues !


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mondes parallèles

Intéressons-nous aux commerces.
Je vous ai déjà parlé des très petits salons (voir épisode 3​) de coiffure et des boutiques de nourriture pour animaux, sachez qu'il ne s'agit en rien d'exceptions puisque ce genre d'échoppes se décline sous de nombreuses formes.
Vous avez déjà eu un aperçu des passages souterrains, qui en contiennent toujours beaucoup. Le plus étonnant à mon avis restent les « salons de jeu » dans lesquels l'on peut s'isoler dans des sortes de cabines pour expérimenter des lunettes de réalité virtuelle.
Comme si l'homme d'affaire, courant après le temps, pouvait envisager l'idée de passer un moment à pourfendre des dragons avant un rendez-vous avec un investisseur. En revanche, chaque femme sera libre d'acheter ses sous-vêtements en hâte dans le cas d'un éventuel oubli vestimentaire en partant travailler, puisque les boutiques de lingerie féminine sont partout.

Tout à fait pertinente, en revanche, est la présence de fleuristes. Utile si l'on a oublié le bouquet pour l'anniversaire de Belle-Maman et que l'on n'a plus le temps de faire demi-tour. En plus, la taille des boutiques servira votre empressement de part le choix limité qu'elles offrent. Pratique !

Argent en solde

Dans la même veine, je souhaite vous reparler de l'omniprésence des prêteurs sur gage et agences de crédit, ce que l'on ne trouve pas ou peu en France.

Pour vous prouver à quel point il est facile d'obtenir un crédit en Pologne, je vous propose une traduction d'extraits choisis de cette annonce, collée à un arrêt de tram, à Varsovie :

« Crédits, beaucoup de banques (?) au même endroit
crédits en liquide jusqu'à 100 000 zlotys sur 100 mois
crédits pour les entreprises […]
Crédits à court terme : de 200 à 1000 zlotys sur 36 mois
[…]
Offre spéciale pour les personnes de plus de 18 ans, sans casier judiciaire
Beaucoup de liquide pour peu d'intérêts ! »

Imaginons un jeune polonais souhaitant passer un week-end à la montagne avec sa bien-aimée et qui n'aura qu'à entrer dans une de ces agences pour après 15 minutes (promis sur leurs vitrines 9 fois sur 10), sans rendez-vous, ressortir avec 1000 zlotys en liquide, sans apport de garantie.
Et s'il ne rembourse pas, il est privé de glace au chocolat ?

Une pensée également pour la personne qui viendra à l'agence avec une brouette pour transporter ses 100 000 zlotys.

Plus sérieusement, la facilité avec laquelle il est possible de contracter un crédit n'incite pas à la réflexion et favorise les achats impulsifs, ce qui fait précisément tourner ces entreprises.  

Simplicité est mère de satiété

Faisons maintenant un point culinaire avec les « bar mleczny », littéralement bars à lait, dont je vous également déjà parlé et qui consistent en de sortes de cantines populaires. Ce que l'on y mange est traditionnel, consistant et bon marché et c'est ce qui en fait la force.

L'on commande à la caisse suivant une carte affichée au mur et qui ne change jamais. Le restaurant sert du matin au soir sans interruption et il est même possible d'y commander, jusqu'à environ 11h, une omelette de petit-déjeuner.
Attention cependant, je vous déconseille le riz à la confiture !
Plus sérieusement, renoncez au samedi entre 13h et 16h car il s'agit de l'heure de repas des Polonais. Des pierogis aux soupes en passant par un simple plat de pâtes, vous ressortirez rassasié pour une somme modique.
Le « bar mleczny » n'est pas un restaurent 5 étoiles, la décoration est d'un goût douteux, le service ne paie pas de mine et – j'oubliais ! Il n'est pas possible d'y consommer de la bière mais pour le double du prix vous aurez encore faim dans un quelconque autre restaurant et c'est ce qui constitue la magie du lieu !


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Poésie de l'au-delà

Enfin, notre 7ème différence concerne un commerce un peu spécial puisqu'il sent le sapin... 

​Il s'agit des agences de pompes funèbres et plus particulièrement de leurs noms. Si vous faites attention à la photo de gauche, vous verrez une agence qui s'appelle « Totus », ce qui n'est pas sans rappeler un certain mot allemand « Tot » voulant dire « mort ». Au moins l'on ne risque pas de se méprendre concernant les services proposés... Sur le même boulevard se trouve également l'agence « Exitus », nommée d'une façon toujours aussi subtile et raffinée. Plus fin est le nom de l'agence voisine (il semblerait que cette rue soit effectivement celle des agences mortuaires) : « niebo », soit « ciel/cieux » (selon l'interprétation).

Cependant, ce qui m'a également frappé concernant ce service à part est la publicité sur les façades des établissements : si en France l'on tente de promouvoir des prestations de la manière la plus sobre et implicite possible, ici l'on a pas de temps à perdre avec ça. L'exemple avec « Niebo », sur la façade duquel on peut lire « enterrement économique » en bas à gauche, puis « bon marché et fiable » en bas à droite.
Au moins c'est dit, après tout le temps c'est de la décomposition !

Avez Canardaw.com, voyagez plus pour la nouvelle année !

Cet article marque la fin de la pause hivernale, la moins reposante de toute et l'on se retrouve la semaine prochaine pour la suite des comparaisons directes France/Pologne. 

En espérant que l'épisode qui inaugure la nouvelle année vous aura plus, je vous dis à la semaine prochaine et surtout n'hésitez pas à m'écrire pour me proposer des idées ou faire des remarques et si vous aimez Canardaw.com alors PARTAGEZ !

               

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